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11.04.2019 16:02 - HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE FRANCAISE - TOUS LES COURANTS
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ÕÐÈÑÒÈßÍÑÊÈ ÕÓÌÀÍÈÇÚÌ

Lefevre D Etample 

Jean Calvin /1509 – 1564/

ÔÀÍÀÒÈ×ÅÍ ÕÓÌÀÍÈÇÚÌ 

Francois de Sales 1567 – 1622/

ÉÀÍÑÅÍÈÇÚÌ

Blaise Pascal /1623 –1662/

ÊÈÅÒÈÇÚÌ

Fenelon/1651 – 1715/ 

ÃÀËÈÊÀÍÑÒÂÎ

Bossuet /1727 – 1704/

ÌÎÍÀÐÕÈ×ÅÑÊÈ ÊÀÒÎËÈÖÈÇÚÌ

De Bonald

Maine de Biran /1766 – 1824/

Joseph de Maistre /1753 – 1821/

ËÈÁÅÐÀËÅÍ ÊÀÒÎËÈÖÈÇÚÌ

Lammenais /1782 – 1854/ 

ÍÅÎÒÎÌÈÇÚÌ

Jacques Maritain – “Humanisme integral” /1936/

Teilhard de Chardin

 ÐÀÖÈÎÍÀËÈÇÚÌ

Michel de Montaigne /1533 – 1592/ 

René Descartes /1596 – 1650/

Malebranche /1638 – 1715/ 

 ÔÈËÎÑÎÔÑÊÈ ÄÓÕ

Pierre Bayle

Fontenelle

Voltaire /1594 – 1778/

Rousseau /1712 – 1778/

 ÄÅÈÇÚÌ

Montesquieu /1689 – 1755/

 ÀÒÅÈÑÒÈ×ÅÍ ÌÀÒÅÐÈÀËÈÇÚÌ

Denis Diderot /1713 – 1784/

ÑÅÍÑÓÀËÈÇÚÌ

Condillac /1714 – 1780/

ÈÄÅÎËÎÇÈ ÍÀ ÑÎÖÈÀËÈÇÌÀ

Saint – Simon

Charles Fourier

Proudhon

Jean Jaures /1859 – 1914/

 ÏÎÇÈÒÈÂÈÇÚÌ

Auguste Comte /1798 – 1857/ - “Le Catechisme” /1852/

Claude Bernard  - “Introduction à la medecine experimentale” /1865/

 ÑÈÅÍÒÈÇÚÌ

Renan – “L’Avenir de la Science” /1848/

Hippolite Taine

Gaston Bachelard – “Nouvel esprit scientifique” /1934/

 ÈÍÒÓÈÖÈÎÍÈÇÚÌ 

Henri Bergson /1859 – 1941/ - “L’Evolution creatrice” /1907/, “Les deux sources de la morale et de la relgion” /1932/

 ÅÊÇÈÑÒÅÍÖÈÀËÈÇÚÌ

Gabriel Marcel – “Journal metaphysique” /1930/, “Manifeste en faveur du personnalisme” /1936/

Jean-Paul Sartre /1913 – 1980/

Albert Camus

 ÏÅÐÑÎÍÀËÈÇÚÌ

Emmanuel Mounier

 

Humanisme chretien

 

Jacques Lefevre D’ Etample (en lat. Fabri ou Faber Stapulensis). Humaniste, helléniste et théologien français (Etaples, v. 1450 — Nérac, 1536). Formé par la scolastique, il voyagea en Italie, où il découvrit le néoplatonisme et le néo-aristotélisme. De retour en France, il donna des commentaires directs, éclairés par la philologie et par l"histoire ancienne, des Psaumes et des Epîtres de saint Paul, puis traduisit le Nouveau Testament (1523) et la Bible (1530). Favorable aux idées de Luther, il ne dut qu"à la protection de François Ier et de Marguerite de Navarre de n"être pas poursuivi.

 

Jean Calvin (Noyon, Picardie, 1509 — Genève, 1564) ¸ réformateur et écrivain français

Né un quart de siècle après Luther, Calvin, le représentant le plus célèbre de la seconde génération de la Réforme – celle qui cherche à l"organiser et à la structurer théologiquement –, est souvent associé à son prédécesseur en tant que fondateur du protestantisme. Fils d"un agent d"affaires de Noyon, le jeune Calvin, pourvu dès 1521 d"un bénéfice ecclésiastique, effectue des études de lettres et de philosophie aux collèges de la Marche et de Montaigu à Paris, puis de droit à Orléans et à Bourges. Jeune humaniste, passionné par les controverses théologiques, il adhère vers 1533 aux idées de la Réforme protestante, initié par son cousin Olivétan et les érudits Lefèvre d"Etaples, Guillaume Budé et Nicolas Cop (recteur de l"Université de Paris). Il participe à la défense de l"ouvrage de Marguerite de Navarre le Miroir de l"âme pécheresse et, condamné par le Parlement après l"affaire des Placards, il doit se réfugier à Bâle en 1534. Il y rédige la première mouture de l"Institution de la religion chrétienne – exposé dogmatique de la foi protestante – qu"il ne cessera d"enrichir: l"ouvrage, publié en latin en 1539, puis en français en 1541, comprendra 80 chapitres dans l"édition finale de 1559-1560.

    À l"automne 1536, Calvin, qui se rend à Strasbourg, passe par Genève, vieille cité épiscopale dont le Conseil vient de décider l"adhésion au protestantisme. Retenu par Guillaume Farel, il cherche à organiser la nouvelle Eglise, mais se heurte à de nombreuses difficultés (notamment sur la célébration de l"eucharistie) et, banni par le Conseil des Deux-Cents (conseil de la ville) avec Farel, il part pour Strasbourg, où il seconde, de 1538 à 1541, le réformateur de cette ville, Martin Bucer. En 1540, il épouse une veuve, Idelette de Bure.

    Rappelé à Genève en 1541, il exerce jusqu"à sa mort (1564) dans cette ville un véritable magistère moral. À l"intention des bourgeois de la ville, il rédige le Catéchisme de Genève (1542) et une confession de foi obligatoire en 21 articles. Ses «ordonnances ecclésiastiques» permettent au consistoire, composé de pasteurs et de laïcs (appelés «anciens»), d"imposer une discipline assez stricte, dans un contexte parfois difficile: soutenu par des réfugiés protestants venus de France et d"Italie, Calvin doit combattre l"influence des grandes familles genevoises. C"est alors que Michel Servet, condamné à mort par un tribunal catholique pour avoir nié la Trinité, se réfugie à Genève. Calvin, voulant prouver qu"il croit toujours aux doctrines chrétiennes fondamentales, le livre au Conseil de la ville, qui le condamne et le fait brûler vif en 1553. Défendant son oeuvre par la polémique, mais aussi par la force, il fait exiler son ami Castellion, directeur du Collège de Genève (1541), avec d"autres adversaires. Cette affaire renforce définitivement l"autorité de Calvin. Genève devient alors une sorte de ville mythique, qui succède à Wittemberg (la ville de Luther) comme capitale spirituelle du protestantisme et cité refuge. De là partent, vers différents pays d"Europe, des livres protestants et des pasteurs formés à l"université de Genève, créée en 1559 par Calvin.

    Calvin cherche cependant à rapprocher et à influencer les diverses Eglises protestantes: il anime des rencontres entre théologiens réformés (notamment à Francfort en 1539, à Worms en 1540, à Ratisbonne en 1541), il signe la Confession d"Augsbourg – profession de foi du luthéranisme –, exerce une forte pression sur le roi Edouard VI d"Angleterre, donnant ainsi à l"anglicanisme une tournure doctrinale proche de la théologie calviniste, et contribue fortement à la création des Eglises réformées de France.

    Comme pour les théologiens protestants, la Bible (qu"il commente chaque jour) représente pour Calvin le pilier de la foi, et il ne reconnaît que deux sacrements: le baptême et la Cène. Il refuse la Présence réelle dans les espèces eucharistiques (le pain et le vin): cette présence est spirituelle, elle s"effectue grâce au Saint-Esprit. Le chrétien est sauvé uniquement par la grâce de Dieu, ainsi que l"enseignait Luther, mais Calvin insiste sur la force transformatrice de cette grâce: le croyant recherche l"honneur de Dieu, ce qui le pousse à la responsabilité et à l"efficacité éthique et politique. Contribuant à élaborer de nouvelles normes morales (divorce) et économiques (prêt à intérêt productif), Calvin a ainsi joué un rôle important dans l"émergence de la civilisation moderne.

 

Humanisme devot

 

François de Sales (château de Sales, prè de Thorens, Savoie, 1567 — Lyon, 1622)¸prèlat français et docteur de l"Eglise 

 François de Sales est issu de la noblesse savoyarde. Formé par les jésuites à Paris, il étudie le droit à Padoue puis, en 1592, il entre dans les ordres. Ordonné l"année suivante, il devient le coadjuteur de l"évêque de Genève en 1599. La moitié de ce vaste diocèse était peuplée de calvinistes convaincus: François essaie tout d"abord de les combattre par la controverse, mais ce genre de polémique ne modifie en rien les positions de l"adversaire. François prend conscience de la vitalité de la foi calviniste, qui résulte d"une intense vie intérieure, laquelle est moins fréquente chez les catholiques.

En 1602, envoyé par le pape Clément VIII à la cour d"Henri IV, François rencontre Bérulle, futur fondateur de l"Oratoire. De retour en Savoie, il est nommé évêque de Genève, avec pour lieu de résidence Annecy, Genève lui étant interdite par les calvinistes. Véritable pasteur de son diocèse, il visite ses paroisses et prêche sans cesse. Il est invité à prêcher en France, notamment à Dijon, où il fait la connaissance de la soeur de l"évêque, Jeanne de Chantal, avec laquelle, en 1610, il fonde un ordre nouveau, la Visitation Sainte-Marie.

La nécessité de l"apostolat et du renouveau de la vie spirituelle le conduit à créer cet ordre. Mais il tient également à diffuser par écrit ses convictions sur la nécessité d"une formation spirituelle. L"originalité de sa fameuse  Introduction à la vie dévote Ø  (publiée en 1609) réside en particulier dans l"assurance que tous les chrétiens, et non seulement quelques «spécialistes» retirés du monde, sont appelés à la dévotion, c"est-à-dire à la sainteté. Cet ouvrage est l"un des premiers grands textes spirituels rédigés en français. En 1616, il écrit Traité de l"amour de Dieu, où transparaît une grande sérénité religieuse. François de Sales, qui correspondait parfaitement à l"idée que la Contre-Réforme se faisait de l"évêque, fut canonisé en 1665.

 

Le Jansenisme

 

Blaise Pascal (Clermont-Ferrand, 1623 — Paris, 1662)¸ philosophe, mathématicien et physicien français

    L"auteur de l"Apologie de la religion chrétienne – connue sous le titre posthume de Pensées – fut à la fois un polémiste de la religion chrétienne, un mathématicien et un physicien: il publia des ouvrages sur les sections coniques, la cycloïde, le calcul des probabilités, l"hydrostatique et la mécanique. Pour cet analyste de la condition humaine, l"un des plus influents penseurs français du XVIIe siècle, dont l"oeuvre est marquée par une critique radicale du rationalisme philosophique moderne, «l"homme n"est qu"un roseau, le plus faible de la nature; mais c"est un roseau pensant».

Une vie entre le calcul et la fulgurance

Né dans une famille appartenant à la noblesse de robe, Blaise Pascal perd sa mère en 1626. Son père, magistrat lié avec les savants de l"époque, s"installe en 1631 à Paris pour se consacrer à l"éducation du jeune Blaise. À douze ans, l"enfant découvre les premiers principes d"Euclide, et pour faciliter le travail de son père, qu"en 1639 Richelieu nomma intendant à Rouen, il invente une machine à calculer en 1640-1642. À la même époque, il publie son Essai pour les coniques. L"étude de Jansénius sur les rapports de la grâce et de la liberté humaine chez saint Augustin renforce son intérêt pour la théologie. Dans le domaine de la physique, il reproduit, à Rouen, les expériences de Torricelli sur la pression atmosphérique et publie, en 1647, Expériences nouvelles touchant le vide tout en travaillant à son Traité du vide, dont il ne nous reste que la préface.

La famille retourne en 1649 à Paris, où Pascal trouve dans les divertissements mondains un remède à son ennui. Son père meurt en 1651, et sa soeur Jacqueline entre l"année suivante à l"abbaye de Port-Royal. Par son ami le duc de Roannez, il est introduit dans la société du chevalier de Méré, du libertin Des Barreaux, et de Mme de Sablé. On lui attribue un Discours sur les passions de l"amour paru en 1653, époque à laquelle Pascal fonde le calcul des probabilités et rédige un Traité du triangle arithmétique.

    Au cours de la nuit du 23 novembre 1654, il a la révélation, dans une sorte de ravissement intérieur, de la vérité de la religion chrétienne: il découvre ce qui sera le centre de sa pensée: «Dieu d"Abraham, Dieu d"Isaac, Dieu de Jacob, non pas des philosophes et des savants. Certitude. Sentiment. Joie. Paix. Dieu de Jésus-Christ [...] Renonciation totale et douce. Soumission à Jésus-Christ et à mon directeur.» C"est avec ce directeur de conscience qu"il s"entretient d"Epictète et de Montaigne lors d"une première retraite à Port-Royal. Dans deux fragments sur l"esprit géométrique, il affirme que les sciences préparent à mieux connaître Dieu. Dans une polémique engagée contre les jésuites par Antoine Arnauld, Pascal prend la défense de la cause de Port-Royal: sous le pseudonyme de Louis de Montalte, il publie, de janvier 1656 à mars 1657, les Provinciales, composées de dix-huit lettres qui ont un immense retentissement. Pascal, qui conçoit le projet d"un ouvrage destiné à prouver la vérité de la religion chrétienne, tente de résoudre, dans le domaine de la science, le problème de la «roulette», ou cycloïde, et jette les bases du calcul infinitésimal. Epuisé, s"astreignant à des mortifications, il écrit Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies.

   L"Apologie de la religion chrétienne, oeuvre à laquelle Pascal consacre ses dernières années, ne relève pas de la théologie rationnelle, bien qu"elle s"adresse à des lecteurs nourris de philosophie et épris de sagesse antique. Il s"attache à montrer que la condition humaine ne peut être comprise qu"à la lumière de l"Ecriture, qui révèle l"histoire de l"homme, celle d"un être déchu. Pour lui, la philosophie stoïcienne d"Epictète pèche par orgueil en affirmant que nous sommes capables de faire notre salut nous-mêmes. De même, il critique le scepticisme de Montaigne, qui reconnaît l"impuissance de l"homme mais qui s"en accommode trop. Tous deux attribuent à tort les faiblesses et les forces de l"homme à une prétendue «nature humaine». Pascal, qui y voit l"échec de la philosophie, se tourne vers la foi.

       Ce qui détourne Pascal de l"ambition philosophique, notamment de la pensée de Descartes, à qui il reproche sa confiance en une raison capable de vérité, c"est que la satisfaction suprême, selon lui, ne saurait provenir de la connaissance, même parfaite, de la nature. Du reste, la science de la nature, ou «philosophie naturelle», ne conduit nullement à la certitude, encore moins à la sagesse. Prétendant légiférer sur la conduite, les philosophes ne connaissent ni la matière dont le corps est composé ni la structure de l"Univers, et leurs querelles portent sur le concept même du souverain bien. La raison devrait renoncer à rechercher le fond des choses pour orienter l"existence.

«Philosopher, c"est se moquer de la philosophie»

          Chacune des deux attitudes philosophiques opposées, à savoir le pyrrhonisme – qui préconise le doute radical – et le dogmatisme – qui proclame des thèses sans les soumettre à l"examen critique –, repose sur des considérations partiellement justes: il est vrai que les philosophes ont une «impuissance de prouver», mais ils ont une idée de la vérité «invincible à tout le pyrrhonisme». De cette contradiction des positions partiellement vraies, qui caractérise la philosophie selon lui, Pascal conclut que la raison ne peut se comprendre elle-même. En témoigne la géométrie, sa plus éclatante réussite, qui fonde ses démonstrations sur des axiomes, c"est-à-dire des principes qui ne sont pas eux-mêmes démontrés.

       La raison ne satisfait pas à ses propres exigences car elle ne parvient pas à rendre compte de tous les phénomènes et de toutes les expériences humaines. Ce qu"on connaît par le «coeur» ou par le «sentiment» échappe à la géométrie – l"«ordre le plus parfait entre les hommes» – et à sa méthode. La raison peut saisir la nécessité, mais, comme on le constate dans la géométrie, cette nécessité n"est que formelle. Il faut toutefois éviter de lui retirer toute confiance ou, au contraire, de ne se fier qu"à elle en prétendant qu"elle peut offrir une base solide à nos jugements. La seule manière de «vraiment philosopher», c"est de «se moquer de la philosophie» et de la raison.

       De même que la raison n"est ni impuissante ni toute-puissante, de même l"homme doit être considéré comme un milieu entre tout et rien. Il n"est cependant pas le centre de l"Univers, comme l"affirme l"humanisme, ni une composante d"un ensemble harmonieux, le cosmos, où les ordres du ciel, de la Terre, des dieux et des mortels seraient hiérarchisés, comme le prétendait la philosophie aristotélicienne, démentie par la science moderne. Ainsi, la théologie rationnelle, qui a repris à son compte les schémas conceptuels de la pensée antique, est caduque. Désormais les cieux ne répondent à nos interrogations que par un effrayant silence. La cosmologie n"oriente plus ni la recherche de la vérité ni les jugements moraux.

     Ni la raison ni les sciences constituées n"offrent de points de repère fiables pour discerner le vrai du faux: l"homme, «monstre incompréhensible» qui tente de se connaître, se découvre comme un abîme de contradictions, de «disproportion». Nous ne tenons jamais au temps présent, pourtant seul à être réel, mais nous nous fuyons dans la vaine recherche du bonheur; nous espérons de vivre, mais nous ne vivons pas. Pour chasser la pensée de la mort, nous nous livrons au divertissement, qui nous détourne de la réflexion sur notre condition, qui est celle de condamnés à mort en un cachot. Multiforme, le divertissement entraîne les hommes de toutes conditions, gueux et rois, à la guerre, à la chasse ou à la partie de cartes. La philosophie, qui se définit cependant comme la recherche de la vérité, nous trompe; elle crée la plus pernicieuse illusion, car elle ne travaille, en fait, à travers toutes ses analyses, qu"à destituer la mort de toute réalité.

        L"homme est l"esclave du divertissement: à la chasse, ce qui lui plaît, c"est de courir après le lièvre et non pas de le prendre, au jeu et au travail de s"absorber en se plaignant, mais il gémirait si on le délivrait de ses fardeaux. Grandeur et misère sont inséparables en l"homme; sa grandeur consiste à penser, et donc à connaître sa misère: «Un arbre ne se connaît pas misérable. C"est donc être misérable que de se connaître misérable; mais c"est être grand que de connaître qu"on est misérable.» La misère de l"homme est celle d"un «roi dépossédé».

      Menacé d"être écrasé par tout l"Univers, l"homme a pourtant plus de dignité que ce qui le tue. Pour peu qu"il consente à l"accueillir, la religion chrétienne lui révèle son sort: l"homme est une créature de Dieu exilée dans le monde. Folie pour les païens, la bizarrerie de cette religion consiste à ordonner à l"homme de reconnaître sa bassesse et, en même temps, de se vouloir semblable à Dieu, de prétendre donc à la plus haute place. La connaissance de Dieu sans celle de la misère humaine est source d"orgueil; la connaissance de notre misère sans celle de Dieu est source de désespoir. Hors de la connaissance de Jésus-Christ, dans laquelle nous trouvons à la fois Dieu et la misère humaine, il n"y a que des illusions. L"une d"entre elles consiste à chercher des «valeurs» dans les institutions et les activités humaines, alors qu"elles ne répondent qu"à des besoins pratiques. Pascal dévalue ce à quoi les sagesses et les morales humanistes attachent la plus haute dignité. Justice, pitié, charité, le sens de l"histoire se trouvent discrédités chez lui (comme plus tard, ils apparaîtront chez Nietzsche). Pour lui, la justice humaine n"est pas la justice, pas plus que la charité ou la pitié simplement humaines ne sont la charité ou la pitié. «On s"est servi comme on a pu de la concupiscence pour la faire servir au bien public; mais ce n"est que feindre, et une fausse image de la charité; car au fond ce n"est que haine.» Pascal dénonce dans la pitié une ruse de l"intérêt ou un jeu de la supériorité: «Plaindre les malheureux n"est pas contre la concupiscence. Au contraire, on est bien aise d"avoir à rendre ce témoignage d"amitié, et à s"attirer la réputation de tendresse, sans rien donner.»

   De même que dans les sciences nous devons nous contenter de l"ordre géométrique et renoncer à tout démontrer, de même devons-nous accepter une justice conventionnelle qui peut légitimer les plus horribles pratiques. En fait, le droit n"a rien d"universel («plaisante justice qu"une rivière borne!»), car il change d"un pays à l"autre: «Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà.» L"ordre établi n"a de valeur qu"en ce qu"il maintient la paix – évitant la guerre civile, le plus grand des maux, et départageant les prétentions des hommes –, cependant, il n"est assurément pas raisonnable. En adoptant la règle de prendre pour roi le fils aîné du roi, on évite, comme l"avait affirmé Montaigne, les contestations entre des prétendants et des capitaines qui ne manqueraient pas de briguer le pouvoir suprême et de s"insurger. Il n"y a donc pas de droit naturel: la justice parmi les hommes n"est que ce droit positif, fondé sur la force: «Ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste.» Ainsi, il n"y a pas lieu de s"étonner du peu de rapport qui existe dans l"histoire entre les effets les plus spectaculaires et leurs causes, infimes ou dérisoires: un grain de sable dans l"uretère de Cromwell, la longueur du nez de Cléopâtre suffisent pour que la guerre éclate ou pour que la paix revienne.

    Penseur de la distinction radicale, qui a opposé les «grandeurs naturelles» – les sciences, la vertu, la santé, la force – et les «grandeurs d"établissement», Pascal rend compte du désarroi de l"homme devant l"absence d"ordre.

        Les corps, les esprits, la charité (au sens évangélique d"amour de Dieu) n"ont aucune commune mesure entre eux, ces «trois ordres» n"appartiennent à aucun ordre commun. La grandeur d"un savant n"apparaît pas à un riche ni à un capitaine. La grandeur de Jésus-Christ est d"un autre ordre que celle d"Archimède. Une distance infinie les sépare, en même temps que «la distance infinie des corps aux esprits figure la distance infiniment plus infinie des esprits à la charité». La mathématique contribue à ébranler l"homme attaché aux seules certitudes de la raison: qu"on ajoute une unité à l"infini ne l"augmente pas; d"un nombre infini, il est également faux de dire qu"il est pair ou impair; une surface limitée est faite d"une infinité de lignes; un segment double d"un autre ne contient pas plus de points que celui-ci. Toutes ces vérités, plutôt comprises que démontrées, comme le dit Pascal des propriétés dans le Traité du triangle arithmétique, préparent à ne pas rejeter une autre compréhension par sentiment. Et si à ce «libertin» les mathématiques échappent, du moins n"est-il pas étranger aux probabilités lorsqu"il joue; c"est par ce biais qu"on peut l"intéresser à son salut. La raison ne pouvant rien déterminer concernant l"existence de Dieu, il faut «parier»: il ne peut rester indifférent lorsqu"il y va d"une éternité de béatitude. D"autant que, même s"il n"assure pas sa vie future, en pariant sur Dieu, le libertin ne perd rien en cette vie: il fait le choix d"une vie terrestre moins décevante et échappe aux «plaisirs empestés». Il n"y a pas infinité de perte, il y a infinité de gain. Qui ne troquerait le néant contre l"être?

          Pascal partage la thèse d"Epictète selon laquelle l"homme est grand par sa pensée, et il souligne avec Montaigne la faiblesse et la fragilité de la raison. L"incohérence et la contradiction de la nature humaine ne peuvent en effet s"expliquer que si on se réfère à la destinée surnaturelle de l"homme, révélée par le christianisme. L"unique but est donc de coopérer avec Dieu à «incliner le coeur» de l"homme «égaré dans ce coin de l"Univers, sans savoir ce qui l"y a mis, ce qu"il y est venu faire, ce qu"il deviendra en mourant».

 

Le quietisme

Francois de Salignac de La Mothe-Fénélon (château de Fénelon, Périgord, 1651 — Cambrai, 1715)¸ prélat et écrivain français

         Appartenant à une famille de vieille noblesse, mais pauvre, François de Salignac de La Mothe-Fénelon fit ses études à Cahors, puis au collège du Plessis à Paris, entra au séminaire de Saint-Sulpice et fut ordonné prêtre en 1675. Nommé supérieur de la maison des Nouvelles Catholiques en 1678, il s"y fit remarquer par sa maîtrise dans la direction des âmes. Grâce au duc de Beauvillier et à Bossuet, il fut choisi, en 1689, pour assurer l"éducation du duc de Bourgogne. Il dompta les emportements d"un enfant difficile, au point de le rendre timide et de prendre sur lui un ascendant extrême.

       Académicien en 1693, archevêque de Cambrai en 1695, l"affaire du quiétisme et ses démêlés avec Bossuet le firent exiler dans son diocèse à partir de 1697. La publication du Télémaque (1699), qui parut une critique du gouvernement de Louis XIV, acheva sa disgrâce.

    Fénelon était né avec le goût de dominer et de convertir. Il s"imposait par son originalité, mais aussi parce qu"il voulait plaire. Il était très attaché à toutes ses conceptions. Quant au charme personnel de cet aristocrate raffiné, tous ses contemporains paraissent l"avoir subi. Il échoua cependant dans les deux grandes affaires de sa vie. Gagné à la doctrine du «pur amour» par Mme Guyon, et en lutte contre l"orthodoxie de Bossuet, son ancien protecteur, il vit son livre des Maximes des saints condamné à Rome (1699). Il lui fallut rester exilé dans son archevêché. Echec plus douloureux encore: la mort de son pupille, le duc de Bourgogne (1712), l"éloigna à jamais d"un monde qu"il voulait réformer. C"est «le plus bel esprit et le plus chimérique du royaume», disait de lui Louis XIV.

    En 1699, Fénelon publie son oeuvre la plus célèbre, les Aventures de Télémaque. Ce roman pédagogique écrit pour le duc de Bourgogne, mêle les enseignements politiques à l"évocation de l"Antiquité. Fénelon, à l"imitation d"Homère, imagine de faire voyager Télémaque à la recherche de son père Ulysse, et le mène successivement chez tous les peuples de l"Antiquité. Les contemporains ont voulu y trouver des allusions aux événements du temps. À nos yeux, aujourd"hui, cet ouvrage contient des thèses novatrices en matière de propriété, d"économie, d"administration, de démographie, de relations internationales.

    Il est pour nous l"un des écrivains les plus attachants du XVIIe siècle, à la fois par ses «chimères» et par ses idées curieusement «modernes». De son oeuvre abondante, il faut retenir, outre son célèbre Télémaque et ses nombreux Sermons, qui soutiennent la comparaison avec ceux de Bossuet, le charmant Traité de l"éducation des filles (1687). À une époque où l"on néglige complètement l"instruction des jeunes filles, Fénelon veut qu"on les prépare au rôle qu"elles doivent remplir dans la vie, celui d"éducatrices des enfants et de maîtresses de maison. Il faut donc former leur jugement et les habituer au sens des réalités. Fénelon souhaite qu"on n"exerce pas sur la nature enfantine une contrainte trop forte, mais au contraire qu"on l"éveille par une méthode agréable et attrayante, des leçons de choses.

   La Lettre sur les occupations de l"Académie (1716) fut adressée par Fénelon, de son exil de Cambrai, à l"Académie, qui l"avait consulté sur les travaux qu"elle devait achever ou entreprendre. Cette oeuvre, variée comme la Correspondance, montre sa préoccupation majeure: enseigner, convaincre. Par l"amour de l"Antiquité, elle appartient au XVIIe siècle. Par l"intention militante, par son individualisme, par sa sensibilité, elle peut être rapprochée de l"oeuvre de Voltaire et de Rousseau: il y a en Fénelon un philosophe, et les philosophes du XVIIIe siècle n"ont pas manqué de le réclamer comme un des leurs.

Le Gallicanisme

Jacques Benigne Bossuet (Dijon, 1627 — Paris, 1704)¸ prélat et écrivain français

    Après ses études, faites à Dijon puis à Paris, au collège de Navarre et à la Sorbonne, Jacques Bénigne Bossuet a déjà une telle réputation d"orateur qu"il prêche, à quinze ans, à l"hôtel de Rambouillet. Il est ordonné prêtre en 1652 et exerce son ministère dans le diocèse de Metz, durant sept ans. En 1659, il revient à Paris et, pendant dix années, il prêche sept carêmes, dont deux à la Cour (1662 et 1666), et quatre avents, dont deux à la Cour (1665 et 1669). Il est nommé évêque de Condom en 1669, prononce les  Oraisons funèbres d"Henriette de France, reine d"Angleterre (1669) et d"Henriette d"Angleterre, duchesse d"Orléans (1670) et est élu membre de l"Académie française (1671). Il est nommé précepteur du Dauphin en 1670 et écrit à cette occasion le Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même, la Logique, le  Discours sur l"histoire universelle et la Politique tirée de l"Ecriture sainte. Durant l"année 1675, il est directeur de conscience du roi.

     En 1678 commence sa controverse avec le protestantisme et la critique biblique. Quand l"éducation du Dauphin est terminée (1681), le roi appelle Bossuet à l"évêché de Meaux (d"où son surnom «l"Aigle de Meaux»). Dès lors, il ne sort plus de son diocèse que pour prononcer des Oraisons funèbres dont celles de la princesse Palatine (1685) et du prince de Condé (1687), ou bien, sur l"ordre du roi, pour présider et diriger l"assemblée du clergé de France. Il rédige lui-même la déclaration de 1682 sur les libertés de l"Eglise gallicane, qui fixe les limites du pouvoir spirituel des papes et du pouvoir temporel des rois. En même temps, il poursuit sa grande idée, qui est la réunion de toutes les Eglises, écrit son Histoire des variations des Eglises protestantes (1688) et condamne le théâtre dans ses Maximes et réflexions sur la comédie (1694). Enfin il lutte contre le quiétisme et Fénelon, qu"il fait condamner par le pape en 1699. À la fin de sa vie, il polémique contre les casuistes et rédige des instructions à l"adresse des protestants nouvellement convertis, et des sermons.

    La remarquable unité de son oeuvre, énorme et variée, est liée au caractère rigoureux de sa foi, fondée sur la certitude de posséder la vérité et la volonté de la faire triompher. Bossuet, qui n"écrivait que des brouillons pour guider son inspiration en chaire, n"avait publié que deux sermons de son vivant et c"est de 1772 à 1778 que parurent les autres. Bossuet, qui ne se propose que de prêcher l"Evangile et d"exposer le dogme dans toute sa rigueur, s"attache à la clarté du raisonnement, mais, par sa sensibilité, son imagination et son style, qui s"inspire de la Bible et des classiques, il se révèle comme le grand lyrique du XVIIe siècle. De même, Bossuet ne voulait pas que ses Oraisons funèbres fussent, selon la mode du temps, un amas pompeux de banalités sur la mort et d"éloges emphatiques du défunt; elles étaient, pour lui, l"occasion d"inviter les vivants à une conversion véritable, de tirer de «terribles leçons» de l"exemple des morts. Ce qui donne un caractère particulier à ces discours, c"est la note personnelle qui pénètre d"émotion certains passages où le prêtre cède la parole à l"ami déférent, sincère et dévoué: Bossuet atteint alors aux plus hauts accents du lyrisme.

      Dans le Discours sur l"histoire universelle, divisé en trois parties, Bossuet recourt à l"Histoire, à l"histoire du christianisme et à la théologie pour démontrer le fondement absolu et la pérennité de la religion chrétienne qui triomphe au milieu «de l"inconstance et de l"agitation des choses humaines». Tout en affirmant le rôle prépondérant de la Providence, il admet que Dieu laisse les événements se combiner selon les lois de l"économie et de la psychologie humaines, déterminant «les grands changements arrivés dans les Empires». Le Discours sur l"histoire universelle, délibérément orienté, a pu être critiqué, par Montesquieu et Voltaire notamment, pour ses lacunes historiques, mais il offre pour la première fois, en France, une vue objective sous-tendue par une philosophie de l"histoire.

          Dans le domaine de la controverse, Bossuet se montre soucieux de défendre, indéfectiblement, d"où parfois étroitement, l"orthodoxie en matière de dogme et de foi. À l"intérieur du catholicisme, il se montre méfiant à l"égard de la critique biblique, du mysticisme, du jansénisme, de la casuistique. Les divergences et les variations du protestantisme en matière d"interprétation du dogme lui paraissent funestes à un véritable esprit chrétien. Enfin, il porte une condamnation impitoyable et sans nuances sur le théâtre et les comédiens.

Le Catholicisme monarchique

Louis, vicomte de Bonald (château du Monna, Millau, 1754 — id., 1840 philosophe et homme politique français

          D"abord intéressé par la Révolution, le vote de la Constitution civile du clergé le poussa à l"émigration jusqu"en 1797. Théoricien du parti ultraroyaliste (Théorie du pouvoir politique et religieux, 1796; Traité de la législation primitive, 1802), il combattit la philosophie de Rousseau et la monarchie de Juillet, au nom d"un système fondé sur l"ordre voulu par Dieu et qui régit aussi bien la famille et la société que la nature. (Acad. fr., 1816.)

 Maine de Biran (Marie François Pierre Gontier de Biran, dit)¸ (Bergerac, 1766 — Paris, 1824)¸ philosophe français

        Il fut administrateur de la Dordogne (1795), député et conseiller d"Etat (1816). Pour ce spiritualiste, «exister, c"est se sentir une âme agissant dans un corps». L"effort est le fait psychologique privilégié, qui permet de saisir à la fois la volonté et la conscience (Influence de l"habitude sur la faculté de penser, 1803; la Décomposition de la pensée, 1805).

 Maistre (Joseph, comte de)¸ (Chambéry, 1753 — Turin, 1821)¸ homme politique, écrivain et philosophe¸ origine sarde d"expression française

     Il étudia le droit à Turin et fut membre de la Cour de justice de Savoie (1774). Obligé d"émigrer après l"invasion des Français en 1792, il gagna Lausanne (1793) et, plus tard, devint ministre à Saint-Pétersbourg (1802-1817) du roi de Sardaigne Charles-Emmanuel IV. Théoricien de la contre-révolution avec ses Considérations sur la France (1796), il attaque, dans Du pape (1819) et dans les Soirées de Saint-Pétersbourg (1821), la pensée des Lumières, la raison critique et destructrice, l"individualisme et le libéralisme, et prône un retour au sens commun, à la tradition et à la foi religieuse.

Le Catholicisme liberal

La Mennais ou Lamennais (Félicité Robert de)¸ (Saint-Malo, 1782 — Paris, 1854)¸ prêtre et écrivain français

        D"une famille aisée (son père était armateur et avait été anobli), marqué par la piété de son frère Jean qui fondera plusieurs congrégations religieuses (Filles de la Providence, Frères de Ploïrmel, Prêtres de Saint-Méen), il fut ordonné prêtre en 1816 après plusieurs années de retraite dans la propriété familiale de La Chênaie et défendit d"abord l"autorité de l"Eglise contre les tendance gallicanes (Essai sur l"indifférence en matière de religion, 1817-1823; De la religion considérée dans ses rapports avec l"ordre public et civil, 1825; Les progrès de la révolution et de la guerre contre l"église, 1829). Il évolua ensuite vers un catholicisme libéral, réclamant dans son journal, l"Avenir (1830-1831), plus de justice sociale et la séparation de l"Eglise et de l"Etat. Révolté par la condamnation par Grégoire XVI, en juin 1832, du soulèvement de la Pologne, Lamennais publia  Paroles d"un croyant (1834), ouvrage lyrique, rempli de violence et de plaintes, qui amena sa rupture avec le Vatican (encycliques Mirari vos, 1832 et Singulari nos, 1834). Il continua, par des livres de combat (le Livre du peuple, 1837; Esquisse d"une philosophie, 1841-1846), à développer sa conception d"un christianisme sans Eglise, capable de regrouper les masses pour les conduire au progrès par la charité. Il fut élu député en 1848 et participa un temps à la commission chargée d"élaborer le projet de Constitution de la IIe République. Il vécut dans la retraite après le 2 Décembre.

Neo-thomisme

Maritain (Jacques) (Paris, 1882 — Toulouse, 1973), philosophe français

        Elevé dans le protestantisme, il fit des études de philosophie à la Sorbonne. Il suivit alors les cours de Bergson, se rapprocha de Péguy et de Bloy, rencontra Raïssa Oumançoff, jeune étudiante juive d"origine russe, qu"il épousa en 1904. Ensemble, ils se convertirent en 1906 au catholicisme. Maritain découvrit la Somme de saint Thomas d"Aquin, dont il fut avec Gilson l"un des meilleurs interprètes, et en 1914, il fut nommé professeur à l"Institut catholique de Paris. Il rencontra à la même époque Massis et Bernanos, et se rapprocha de l"Action française. Il publia alors Art et Scolastique (1920), Antimoderne (1922) et Trois Réformateurs (1925), puis il rompit avec Maurras et écrivit Primauté du spirituel (1927) et Distinguer pour unir (1932). Après avoir enseigné, pendant la guerre, aux Etats-Unis, il fut nommé ambassadeur auprès du Saint-Siège (1945-1948). Il publia encore Humanisme intégral (1936), Pour une philosophie de l"histoire (1959), la Philosophie morale (1960), l"Intuition créatrice en art et en poésie (1962). Sa femme  Raïssa  (1883 — 1960) publia en 1949 les Grandes Amitiés, où elle raconte leur vie intellectuelle et religieuse.

Teilhard de Chardin (Pierre) (Orcines, Puy-de-Dôme, 1881 — New York, 1955)¸ jésuite, paléontologue et philosophe français

    Né au château de Sarcenat à Orcines, Pierre Teilhard de Chardin entre à dix-huit ans comme novice chez les jésuites d"Aix-en-Provence. Ordonné prêtre en 1911, il obéira sa vie durant à une double vocation: sacerdotale et scientifique. Il étudie la géologie, mais surtout la paléontologie, s"intéressant principalement au problème des origines de l"espèce humaine. À la fin de la Première Guerre mondiale, il est titulaire de la chaire de géologie de l"Institut catholique de Paris. En 1923, il part pour la Chine, où il séjournera régulièrement pendant plus de vingt ans, prenant part à différentes expéditions scientifiques: découverte de la civilisation des Ordos (1923), fouilles de Zhoukoudian entreprises en 1929, près de Pékin, qui permettront de découvrir le sinanthrope; explorations dans l"Inde, à Java, participation à la Croisière jaune en 1931.

         Dans des textes qui circulent discrètement avant d"être publiés, Teilhard de Chardin propose une vision unifiée de la science, de la philosophie et de la théologie. Après son retour en France en 1946, il est élu à l"Académie des sciences. Installé aux Etats-Unis, à partir de 1951, dans les dernières années de sa vie, il meurt à New York, le jour de Pâques 1955.

   Très tôt, Teilhard avait pris l"habitude de consigner les résultats de ses réflexions de chrétien confronté aux théories évolutionnistes en honneur depuis Darwin. Mais l"essentiel de son oeuvre, qui circula longtemps sous forme de fascicules ronéotypés, ne sera publié qu"après sa mort: l"Eglise, en effet, nettement réticente à l"égard de ses idées, lui avait interdit toute publication.

        Cette oeuvre n"en reste pas moins considérable: une trentaine de volumes dont émergent le Milieu divin, traité de spiritualité composé dès 1927 (paru en 1957), et le Phénomène humain, achevé en 1940 (paru en 1955), où Teilhard expose sa conception personnelle de l"évolution de l"univers, l"Energie humaine (1957), l"Avenir de l"homme (1958).

        Dans le Phénomène humain, la nature est envisagée comme un processus évolutif dont le développement s"effectue en quatre étapes. Le premier stade est celui de la prévie: la matière passe d"un état indifférencié à la forme organisée. Ensuite, avec l"apparition de la vie, on voit les êtres évoluer vers des espèces de plus en plus complexes.

    Puis l"homme fait son entrée sur le théâtre du monde et avec lui la pensée: on passe de la biosphère (zone de vie non réfléchie) à la noosphère (zone de vie réfléchie où s"affirme l"intelligence créatrice). Enfin, par-delà la civilisation de l"humain, les êtres convergeront vers ce que Teilhard appelle la survie, vers le point oméga où tous s"uniront pour trouver l"accomplissement suprême. Pour Teilhard, philosophe de la nature, mais philosophe chrétien, ce point oméga se confond avec le «Christ-évoluteur», véritable moteur de la dialectique universelle, point de convergence (c"est le mot clef de son oeuvre) de toutes les énergies dispersées dans l"espace et dans le temps.

      Le même optimisme, fondé sur la confusion des notions de progrès matériel et de progrès spirituel, se retrouve dans le Milieu divin, où Teilhard voit dans le travail, instrument de toute transformation, la voie par laquelle l"homme est associé à l"oeuvre de Dieu. Ce désir d"identifier à tout prix Dieu au monde témoigne en fait d"une pensée que l"on peut sans exagération qualifier de panthéiste. La Bible d"ailleurs ne joue qu"un rôle lointain dans cette recherche qui vise surtout à expliquer le mystère de la création en demandant à la science de venir au secours de l"Ecriture. Sa cosmogonie résume tout un courant de pensée qui s"efforce de concilier les principes de la religion et les données du savoir scientifique.

R a t i o n a l i s m e

Montaigne (Michel Eyquem, seigneur de), (château de Montaigne, auj. comm. de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533 — id., 1592), écrivain français

          Montaigne est le penseur de la quotidienneté: quiconque n"aura pas vécu heureusement chaque jour, et aura attendu le bonheur pour le lendemain, aura mal vécu. Le principe du vrai bonheur est en dedans de soi, non en dehors. Et Montaigne, en un siècle d"atroces guerres civiles et d"intolérance, a su mener le combat pour être soi-même, et le gagner.

Une formation humaniste

           Michel Eyquem de Montaigne est né le 28 février 1533 au château de Montaigne, en Périgord. Son père, Pierre Eyquem, issu d"une lignée de négociants bordelais ayant accédé à la noblesse, a combattu en Italie, et, après son mariage avec Antoinette de Louppes, se consacre à la gestion de ses terres et à l"administration de la ville de Bordeaux: il en est maire adjoint en 1547, puis maire en 1554. L"enfant reçoit une éducation poussée: d"abord à Montaigne, où son père fait venir des précepteurs qui lui enseignent le latin. À six ans, il entre au collège de Guyenne, haut lieu de l"humanisme bordelais, où il apprendra le français, le grec, la rhétorique et le théâtre. On ne sait si c"est à Toulouse ou à Paris qu"il poursuit, probablement entre 1546 et 1554, les études de droit indispensables à ses activités futures: en 1557, on retrouve le jeune Montaigne conseiller à la cour des aides de Périgueux, qui sera ensuite réunie au parlement de Bordeaux. Il y exercera treize ans ses fonctions, qui lui vaudront plusieurs missions à la cour de France.

L"amitié de La Boétie

          C"est aussi au parlement de Bordeaux que Montaigne rencontre Étienne de La Boétie, dont il avait déjà pu estimer le Contr"un ou Discours de la servitude volontaire, écrit vers 1549. La conformité d"humeur et de pensée des deux hommes en fait bientôt des amis inséparables. Mais, hélàs! Étienne de La Boétie meurt de la peste le 18 août 1563, veillé par Montaigne. Celui-ci s"occupera activement de la publication des oeuvres de La Boétie, tandis que son propre besoin d"écrire trouve en grande partie son origine dans ce deuil irréparable, dont porte un poignant témoignage l"essai 28 du livre «De l"amitié».

À travers les guerres de Religion

        Dans les troubles des premières guerres de Religion, famille, ville, parlement sont partagés. Montaigne, souvent en mission à la cour, voit la situation se dégrader sous l"action brutale de Monluc. Entre-temps, la perte de son père, en juin 1568, le met en situation de chef de famille. Il épouse Françoise de La Chassaigne, fille du président du parlement, et, en septembre 1570, décide de se retirer. Il résilie ses charges et ne se consacre plus qu"à l"administration de son domaine, et surtout à l"écriture des Essais: les premières activités littéraires – traduction (à la demande de son père) de la Théologie naturelle de Raymond de Sebond, puis travail autour des oeuvres de La Boétie – ont fait place à la création, accompagnée de lectures assidues. Il semble que la première moitié des Essais ait été écrite de 1572 à 1574, pour être complétée jusqu"en 1580. On ne sait si Montaigne participa personnellement aux guerres durant cette époque. Mais, pour un homme retiré, il a un réseau de relations vaste et puissant: le roi de France, Henri III, dont il est gentilhomme ordinaire de la Chambre et qui le fera chevalier de l"ordre du Saint-Esprit en 1579; Henri de Navarre (futur Henri IV, dont Montaigne sera également gentilhomme de la Chambre), sa femme Marguerite de Valois, qui est peut-être la destinataire de l"Apologie de Raymond Sebond; Diane de Gramont, dite la Belle Corisande, dédicataire des sonnets de La Boétie et, plus tard, maîtresse de Henri IV; la famille des Foix-Candale, dont Diane de Burson, destinataire de l"essai «De l"institution des enfants».

Paris, l"Allemagne et l"Italie

         Tout juste après avoir retiré des presses ses Essais, en juin 1580, Montaigne, accompagné de son plus jeune frère, passe par Paris afin de présenter son livre à Henri III, avant d"effectuer un long voyage européen, justifié par les soins à donner à la «maladie de la pierre»: il souffre de calculs vésicaux depuis 1578. De ville d"eaux en ville d"eaux – Plombières, Baden – son voyage le mène aussi à Augsbourg et à Munich. Arrivé en Italie dès octobre 1580, il séjourne cinq mois à Rome. Le pape veut bien accepter les Essais, quoique plusieurs réserves soient faites par les cardinaux. Entre avril et juin 1581, Montaigne flâne; et c"est aux eaux de Lucques qu"il reçoit une lettre des jurats de Bordeaux, qui lui annoncent son élection comme maire. À son retour, en novembre, une lettre du roi confirme sa nomination.

Le maire de Bordeaux

        Pendant deux ans, Montaigne gère une ville catholique à tendance ligueuse, enclose dans la Guyenne, dont le roi de Navarre, protestant, est le gouverneur, tandis que le maréchal de Matignon, lieutenant général du roi de France, en dirige les armées contre les protestants. Diplomatie complexe pour qui veut sauver les fidélités féodales et l"ordre public. Son second mandat, en 1583-1585, est encore plus difficile. Il est probablement un des agents importants de discrètes négociations entre les deux rois. La grande épidémie de peste qui succède fait de lui un errant, mais n"empêche pas son rôle politique: Catherine de Médicis l"appelle aux conférences de Saint-Brice; Henri de Navarre loge chez lui le soir de la victoire de Coutras, le 20 octobre 1587; au mois de mai suivant, il est en mission auprès de Henri III quand les émeutes parisiennes le chassent de Paris; suspect, Montaigne se retrouve à la Bastille, mais est relâché le jour même sur l"intervention du duc de Guise; il est aux états de Blois, et contribue à maintenir Bordeaux dans l"obéissance au nouveau roi Henri IV. Toutefois, en 1590, il refusera de le rejoindre dans ses campagnes militaires, et passera les deux dernières années de sa vie malade et sédentaire. Montaigne soigne aussi ses Essais, dont la seconde édition augmentée paraît en juin 1588. C"est alors aussi qu"il fait la connaissance de Marie Le Jars de Gournay, une admiratrice de vingt-deux ans, qui, devenue sa «fille d"alliance», sera chargée par Mme de Montaigne et sa fille Léonor de surveiller la dernière impression posthume des Essais. L"écrivain meurt d"un ulcère à la gorge le 13 septembre 1592 à Montaigne.

La première analyse de soi-même

        Les Essais, présentés dès l"«Avis au lecteur» comme une tentative de se peindre au vrai, paraissent à compte d"auteur, à Bordeaux, au printemps 1580. Huit ans plus tard paraîtra une version corrigée et enrichie. Mlle de Gournay, après la mort de l"écrivain, se chargera d"une nouvelle édition (1595), conçue à partir d"un exemplaire annoté de la main de Montaigne. Si celui-ci reste pour la postérité l"auteur des seuls Essais, il a aussi laissé, outre sa traduction de la Théologie naturelle de Sebond, des Lettres, qui sont perdues, et un Journal de voyage, oublié dans les papiers, puis retrouvé en 1770 et publié par Menier de Querlon; mais l"original, reperdu, n"est plus connu actuellement que par une copie du XVIIIe siècle, enfin republiée en entier. Étrange document à plusieurs voix et à plusieurs langues: d"abord un secrétaire qui parle de Montaigne à la troisième personne, puis Montaigne lui-même, en français puis en italien. Remarquable document, qui témoigne de la réalité concrète de l"Europe dans des observations fines sur les manières de vivre, les réactions et menus rituels des populations et des voyageurs, il illustre pleinement les réflexions des Essais sur le plaisir du voyage et le fruit qu"il y a à confronter sa pensée à celle des autres, dans la découverte de la relativité des coutumes.

L"épanouissement d"une sagesse

        Les stoïciens (Zénon de Cition, puis Chrysippe, Sénèque, Épictète et Marc Aurèle) conseillent de vivre en tenant compte avant tout du fait que le passé et le futur n"existent pas, que seul le présent existe, qui, dans le moment que nous le vivons, ne peut pas être autre qu"il n"est. Aussi l"homme doit-il s"endurcir contre la douleur. La Boétie a révélé à Montaigne le stoïcisme, dont il fera une règle de vie qui l"aidera, précisément, à supporter la perte de son ami et la crainte de la mort: «Le goût des biens et des maux dépend en grande partie de l"opinion que nous en avons.» C"est paradoxalement par épicurisme, c"est-à-dire pour mieux souffrir, que cet homme sensible se fait stoïcien, avant d"être tenté par le scepticisme. Le mot vient du grec skeptikos, «qui observe» – sans se prononcer. Le sceptique ne dit jamais que quelque chose «est» ou «n"est pas». Il parle de la façon dont les choses lui apparaissent, mais se garde d"affirmer ou de nier qu"elles soient comme elles lui apparaissent. Il n"exprime donc que son propre état mental. «C"est moi que je peins», dit Montaigne, qui fait graver sur les poutres de sa «librairie», entre autres maximes latines et grecques, des citations de Pyrrhon, le fondateur du scepticisme: «Je ne décide rien»; «Sans pencher d"aucun côté»; «Nul homme n"a su ni ne saura rien de certain». Mêlant finalement stoïcisme, épicurisme, scepticisme et expérience personnelle, Montaigne devient un sage, l"inventeur d"un véritable art de vivre: «Il n"est rien si beau et si légitime que de faire bien l"homme et dûment.»

  Rene Descartes¸ (La Sibyllière, Indre-et-Loire, 31 mars 1596 — Stockholm, 11 février 1650)¸ philosophe français

       Gentilhomme, né selon la tradition à La Haye (aujourd"hui Descartes, Indre-et-Loire) et, en réalité, au hameau de La Sibyllière (entre Châtellerault et La Haye), où sa mère avait dû s"arrêter, Descartes est issu d"une famille poitevine.

        De 1604 à 1612, il est élève des jésuites, au collège de La Flèche, où il étudie les lettres anciennes, la philosophie d"Aristote, et se plaît surtout aux mathématiques. De 1618 à 1629, il passe son temps «à voyager, à voir des cours et des armées»; il s"occupe aussi de science et de philosophie. Sa vocation de philosophe se fixe définitivement en novembre 1619: enfermé dans son «poêle» (une pièce chauffée par cet appareil), aux environs d"Ulm, il découvre avec enthousiasme les fondements d"«une science admirable». Ses songes prophétiques, son voeu d"un pèlerinage à Notre-Dame-de-Lorette et son adhésion à la société de la Rose-Croix témoignent d"une crise mystique, prélude d"une véritable révolution intellectuelle.

      En 1629, Descartes se réfugie en Hollande, pour développer une «philosophie nouvelle», qu"il cherche à propager dans de larges cercles. Son séjour ne sera interrompu que par trois courts voyages en France (en 1644, 1647 et 1648); au cours du deuxième, il conseillera au jeune Pascal de procéder à des expériences sur le vide. Malgré sa grande prudence – il renonce après la condamnation de Galilée (1633) à publier son Traité du monde, qui ne paraîtra qu"en 1664 –, Descartes subit les violentes attaques des partisans d"Aristote, des jésuites français et des ministres protestants de Hollande: en 1642, le sénat d"Utrecht interdit l"enseignement de la doctrine cartésienne, «d"abord parce qu"elle est nouvelle, ensuite parce qu"elle détourne la jeunesse de la vieille et saine philosophie...».

      En 1649, Descartes part pour la Suède, à l"invitation de la reine Christine. Souffrant de la rigueur du climat, il meurt à Stockholm, d"une congestion pulmonaire.

La connaissance du monde

        Ouvrant la voie à la philosophie moderne, Descartes a fait des idées le véritable objet de la connaissance philosophique. C"est par elles, affirme-t-il, que l"esprit connaît les choses: certes, les idées ne se trouvent que dans l"esprit, mais elles ont la propriété de représenter les choses qui sont hors de l"esprit. Or, si c"est par elles que les choses nous sont connues, comme le soutient Descartes, leur conformité avec les choses existantes reste à prouver. Mais l"idée en moi étant inséparable de la chose hors de moi – lorsque je vois le ciel, un arbre ou un homme devant moi, ce sont bien des choses que je vois, mais en même temps ce sont des idées qui se présentent à mon esprit –, l"analyse des idées est le seul moyen qui permet de connaître la nature des choses.

L"esprit humain

   À la différence de ses grands prédécesseurs grecs, c"est donc dans l"esprit humain que Descartes va chercher à découvrir les notions et les principes qui permettent de connaître la nature des choses. Défini comme la source de la connaissance, l"esprit doit être affranchi de toute opinion reçue et dirigé vers ce qu"il y a de plus simple en lui. Parvenu de cette manière à des certitudes élémentaires, il peut progresser peu à peu, méthodiquement, vers des vérités plus difficilement accessibles.

Science et philosophie

Importance des mathématiques

    Descartes se tourne d"abord vers les mathématiques, le seul domaine de la connaissance qui puisse offrir à l"esprit des certitudes et qui ne donne pas matière à des controverses stériles, car ses «objets» (les nombres et les figures) sont transparents à l"entendement. Mais la critique cartésienne de tous les savoirs humains acquis jusque-là n"épargne pas cette science, promise à un usage infiniment plus «relevé» que l"exercice gratuit des forces de l"esprit. Descartes ne fait pas l"apologie des mathématiques et se garde de réduire les autres savoirs à des annexes de cette science: il ne cherche qu"à étendre jusqu"à eux la certitude – le fondement inébranlable de tout édifice intellectuel –, à laquelle seules les mathématiques sont parvenues jusqu"alors.

       Les mathématiques, qui imposent le goût et l"exigence de la certitude, doivent être mises à contribution pour connaître des choses de la nature, notamment des corps physiques, qu"il est beaucoup plus facile de concevoir par les notions de grandeur, de figure et de mouvement que par les «formes substantielles» – les qualités qui seraient inhérentes aux corps – chères aux disciples d"Aristote.

La physique de Descartes et celle de Galilée

    Descartes reconsidère les bases de la physique en même temps que Galilée, en affirmant que la vocation de cette science n"est pas de dire ce qu"est la nature ou ce qui est naturel: elle est appelée à découvrir les lois de la nature et à expliquer par elles les phén




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